Dire merci.
Est-on obligé de remercier quelqu’un? Parfois, je me dis que remercier de nos jours est une formule de politesse sans plus, qu’on dit sans la conséquence du geste.
Pourtant, dire merci à quelqu’un qui le mérite lui témoigne notre gratitude, permet de reconnaître en la personne qu’elle m’a aidé, qu’elle m’a donné quelque chose, donc, encore là, dire merci s’applique à un contexte particulier, celui du retour.
Lorsqu’on dit merci de façon sincère, cela implique un geste d’aide au départ, un geste d’amour, de gratuité. Est-on supposé lorsqu’on aide quelqu’un de s’attendre à quelque chose en retour? Autrement dit, est-ce que le « merci » devient obligatoire. Si on s’entend sur la signification que donner implique ne rien demander en retour, alors dire merci devient facultatif, tout autre compliment ou tentative de donner en retour le devient également. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus grand dans l’amour, c’est de donner sans espérer en retour et que donner entre dans cette définition. Imaginons le contraire, donner en espérant recevoir, ce n’est plus aider, cela devient une transaction, une obligation et ce n’est plus donner, c’est vendre un service auquel dire merci devient la somme exigée, ce qu’on voit trop souvent et qui diminue la valeur du remerciement. Et même, si à chaque fois qu’on donne, on espère en retour, on risque d’être déçu, car certains ne pourront pas suivre cette ligne de conduite soit par volonté ou par obligation et la personne qui n’a pas reçu en retour, déçu, risque d’aller voir ailleurs ou se refermer sur elle-même.
En fait, je ne veux pas ici diminuer la valeur du remerciement, au contraire, car dès l’instant qu’il devient facultatif, la personne peut donner ou non un remerciement, mais si elle a le choix, et qu’elle décide de dire merci, imaginez la valeur que le remerciement devient, puisqu’il n’est plus une obligation, sa valeur devient beaucoup plus puissante par la liberté qu’elle engendre.