Les Hommes
France, Italie (1973)Réalisateur :
Daniel Vigne
Scénariste :
Léo Carrier
Michel Constantin .... Marisu Fantoni
Marcel Bozzuffi .... Vinciguerra
Nicole Calfan.
Angelo Infanti .... Leoni
Henry Silva .... Everett
Vittorio Sanipoli .... Grisoni
Denis Manuel .... Sauveur Leoni
Francis Linel
Michel Bertay .... Villedieu
Marco Perrin .... Maestracci
Bernard Defive .... Paulo
Yves Gabrielli .... Simon
George Birt .... Sam
Antoine Negrel .... Pascal
Claude Winter
Marie-Pascale Nesi
Ce film est inspiré assez fidelement d'une vendetta, qui ensanglanta le milieu, à la fin des années cinquantes et durant les années soixantes. Cette affaire est mieux connue sous le nom "d'affaire du Combinatie".
Le Combinatie, était un bateau, qui participait, au gigantesque traffic de cigarette, entre Tanger, la Corse et Marseille.
Aprés un désaccord, sur le butin et sur la revente de la cargaison. Jo Renucci caid Corse de Tanger, associé de Lucky Luciano, va s'opposer avec la bande de Planche Paolini, parrain Corso-marseillais du Panier (quartier anciennement Corse de Marseille, "le little Italy corse de Marseille).
Cette vendetta laissa une quarantaine de cadavre sur le pavé, tant à Marseille, qu'à Paris, et qu'à Ajaccio.
Planche Paolini, isolé fut executé par deux de ses lieutenants.
Il fut venger bien des années plus tard plus tard.
Meu Salvati, son ancien garde du corp et son executeur fut lui-meme abattu par vengeance en 1972 à Marseille.
On retrouve aussi, dans le film l'épisode historique, du gang "des blouses grises", dont faisait partie Meu Salvati.
Joseph RENUCCI
Petit Jo deviendra Grand
Jo Renucci, un mètre soixante deux seulement. Oui, mais un mètre soixante deux de nerfs et d'intelligence.
Né le 6 juillet 1908 à Marseille de parents corses originaires de Zicavo, le bègue Joseph Antoine Renucci a très tôt une attirance pour les armes à feu. Vu sa corpulence, il n'a en effet guère la possibilité de s'imposer par les poings. Portant toujours un calibre sur lui (et ce jusqu'à la fin de sa vie), il est arrêté en janvier 1928 pour port d'arme à Saint-Éloi-Les-Mines. Cinq mois plus tard, il est soupçonné de vol à Marseille et relaxé faute de preuves. Premier non-lieu d'une liste qui ne va cessée de s'allonger.
Lorsqu'il commence à travailler pour Carbone et Spirito, en 1929, alors âgé de 21 ans, on lui prête déjà deux meurtres. Le petit Jo est craint. Ce qui en fait une recrue de choix pour le duo marseillais qui a entrepris de mettre la main sur les maisons de la côte. Jo Renucci et Paul Carbone ont par ailleurs un lien de parenté: chacun de leur frère est marié à une Salducci (Francine et Françoise). Le frère de Jo, Noël, grand spécialiste des jeux dans la région, a d'ailleurs commencé à travailler pour Carbone avant lui, au même titre que son autre frère Barthélémy. Et par l'intermédiaire de Noël, Jo va nouer des liens avec l'ancien président Fernand Buisson, dont le protégé, M. Rouvier, sera élu aux Goudes, petit port de pêche au sud de la ville. Les hommes de main de Renucci encadrent alors les radicaux.
Rusé, prudent, malin et nerveux, Jo Renucci enchaîne les braquages pendant les années 30. Souvent soupçonné, jamais condamné. Les seules affaires où on pourra prouver sa culpabilité concernent le port d'armes et le vol. Soit des condamnations à quelques mois de prison seulement. Pour le reste, on le soupçonne dans divers affaires, notamment celles de la trésorerie générale d'Aubagne, du Crédit Lyonnais de Bignolles, du courrier postale d'Antibes, des encaisseurs de Nice, du braquage de Toulon... Ce dernier, perpétré contre un transporteur de fonds de l'entrepôt de tabac de Toulon en décembre 1939, aurait permis à Jo d'empocher 320 000 francs de l'époque. Mais une fois de plus, il a un alibi en béton. Il fera tout de même un an de préventive en 1934 pour le braquage d'un encaisseur à Alger avant d'être innocenté.
Officiellement importateur d'agrumes en 1935, Jo Renucci devient (officiellement toujours) représentant en champagne en 1940 tandis que son frère Noël est patron de la boîte le Dan's.
De la Résistance au Trafic de Blondes
À l'armistice, comme nombre de gangsters marseillais, Jo Renucci est interné au camp de Sisteron. Il en sort un peu plus tard grâce à son très épais carnet d'adresses. Grand joueur de casinos, il est interdit de jeu en 1942 pour avoir triché au casino de Monte Carlo. Courant 1943, il se tourne vers le camp des occupants et y rejoint Carbone et Spirito, avant de se mettre au service de la Résistance quelques mois plus tard, faisant partie des services de la sécurité des FFI et étant en relation avec les services secrets français en Afrique du Nord. Ce qui lui permet de croiser Robert Blémant ou Marcel Francisci, entre autres, et de se rapprocher des Guérini. Ainsi, Jo sera arrêté fin 1943 par la sécurité allemande pour ses liens avec la Résistance. Il fait jouer ses relations malfrates et s'en sort sans trop de dommages. À la Libération, il prend plus ou moins part aux combats aux côtés des FFI.
Monter à Paris, Jo Renucci se rapproche du MRP au printemps 1945, rencontrant certains de ses dirigeants à Paris. Se liant d'amitié avec des députés RPF, Antoine Chalvet et Étienne Rolin-Laboureur, Renucci adhère au RPF en 1947, tout en gardant des liens avec les services secrets.
Le 3 août 1949, le même jour que l'affaire de la Bégum, Jo Renucci organise un gros coup avec René le Capitaine et quelques autre truands, qui ne toucheront que des miettes : le braquage d'un transporteur de fonds qui relie la Banque de France d'Aix à une succursale de Marseille, pour un montant de 25 millions de francs. L'affaire avait d'abord était indiquée à Antoine Guérini, dont l'équipe avait échoué à plusieurs reprises. La même année, Jo est cité dans une retentissante affaire de vol de bons du Trésor, à Arras, au même titre que le député Antoine Chalvet. Le butin est évalué à 100 millions de francs. Mais là encore, Renucci passe entre les mailles du filet.
En ces années, c'est surtout au trafic de cigarettes américaines que Jo s'intéresse. Le très lucratif trafic des cigarettes américaines de contrebande est tombé aux mains des truands vers 1946-1947, et va faire leur richesse jusqu'en 1956. La plaque tournante du trafic, Tanger, accueille durant cette période toute la pègre méditerranéenne. Dans ce panier de crabe, Jo Renucci va se détacher du lot et devenir sans doute le plus gros trafiquant de cigarettes, précédé de très près par une poignée d'autres contrebandiers, dont entre autres Paul Leca. À Tanger, devenu la base arrière du caïd, Jo Renucci s'impose comme un chef incontestable, trafiquant toute sorte de produits. Le trafic de blondes restant néanmoins son activité centrale. Mémé Guérini dira lui-même plus tard du trafic de cigarettes : "la contrebande ça n'était pas de tout repos! Cela se passait souvent sans problème, mais quand ça dérapait, fallait avoir du doigté".
Ayant des contacts à Marseille, en Corse, à Beyrouth, en Afrique du Nord, et des liens avec le parrain new-yorkais Lucky Luciano (avec qui il s'entend à merveille), Jo Renucci va organiser la contrebande de cigarettes pendant le seconde moitié des années 40. Avec des associés solides, et pas n'importe lesquels : Lucky Luciano et les Guérini. Ensemble ils dépêchent Nick Venturi et Antoine Paolini, dit Planche pour sa maigreur, qui ne sont pas eux non plus des petites frappes. Sur Tanger, Renucci est associé à d'autres poids lourd du Milieu, comme Robert Blémant, Paul Leca ou Marcel Francisci.
De Salicetti à Planche, les corps tombent
Mais la carrière de Renucci va aussi être entrecoupée de retentissants règlements de compte. Jo est en effet mêlé aux deux vendettas qui ont le plus secoués le Milieu des années 40 et des années 50.
En décembre 1945, Ange Salicetti, dit le Séminariste, déjà double assassin (c'est lui qui a tué l'un des frères Graziani en 1937), lance une offensive contre des tenanciers de Paris. Après deux victimes des balles de Salicetti, l'équipe adverse contre-attaque. Le Séminariste, homme de poids de Montmartre, sait qui est de son côté et sait surtout qui est contre lui, conscient qu'on l'apprécie peu. Il prépare sa vengeance. Ainsi le 19 juillet 1946, à la sortie du Hollandais, quatre hommes sont visés par des coups de feu. Un homme est tué, Jacques Morazzini, et trois autres sont blessés, dont Nick Venturi. Ce dernier connaît beaucoup de monde. Ses proches sont près à l'épauler, Jo Renucci en tête, suivit de "Planche" Paolini, qui va faire plus tard parler de lui dans une autre vendetta, et de François Lucchinacci, dit le Notaire. Les corps ne vont cesser de tomber.
Sans qu'on ne sache trop pourquoi, Ange Salicetti voue une haine sans limite à Jo Renucci, bien plus qu'à tous les autres ennemies qu'il s'est fait. Le 20 janvier 1949, Jo dîne avec le député gaulliste du RPF Raulin dans un grand restaurant de la rue Mac-Mahon. Le député lui propose de le ramener, ce qu'il refuse. La traction de Raulin est alors mitraillée et la secrétaire de l'homme politique tuée. Les tireurs l'ont confondu avec Renucci, car étant du même gabarit que celui-ci. Le 28 août de la même année, épaulé par Nick Venturi et Antoine Paolini, Jo Renucci décide de se venger. Alors que Salicetti rentre de l'enterrement de Mathieu Costa, caïd ami des Guérini qui a été poignardé, sa voiture est mitraillée dans le tunnel de la porte de Champeret. Il s'en sort vivant, mais son cousin est blessé et ses deux gardes du corps tués.
Le 3 décembre 1950, celui qui a fait trembler le Milieu pendant cinq années est enfin abattu, malgré sa très grande prudence et toutes les précautions qu'il prenait. Ce soir-là, à deux heures et demi du matin, alors qu'il rentre chez lui en banlieue parisienne dans sa BMW avec sa femme, une voiture surgit du boulevard d'Indochine et des coups de feu sont tirés. Ils atteignent Salicetti en plein front.
Quelques années plus tard, une autre vendetta va secouer le Milieu. Et là aussi Renucci y joue un rôle de premier plan. Elle concerne le trafic de cigarettes. En 1952, Antoine "Planche" Paolini aurait escroqué ses associés de plusieurs centaines de cartouches de cigarettes provenant du bateau le Combinatie. Et en 1955, il essaye de tuer un truand corse revenu au pays depuis quelques années, "Jean-Jean" Colonna, qui avait pourtant comme intention de calmer le jeu. Amputé des deux jambes après avoir reçut une rafale de mitraillette, il survit. Mais la guerre est lancée. Jo Renucci, Jean Colonna, Nick Venturi et Marcel Francisci, soutenus par les Guérini, se lèvent contre Planche. Les fusillades se multiplient et une grande partie des proches de Planche y passent.
Ce dernier se sent traqué et abandonné, et il n'a pas tort. Le 4 novembre 1955, deux de ses poulains poussés par les Renucci et compagnie le trahissent et l'exécutent de vingt balles. Ce qui ne met pas pour autant fin à la vendetta. Jean-Jé Colonna va en effet se venger de la mort de son père, Jacques, tué uniquement pour son lien de parenté avec "Jean-Jean". Il lui faudra dix ans...
Chacune de ces deux vendettas aura laissé près d'une quinzaine d'hommes sur le carreau.
Jo Renucci au sommet de sa gloire
Vers 1949-1950, Lucky Luciano et Meyer Lansky passent divers séjours en France. Il semble clair qu'ils y ont organisé des réunions avec Antoine Guérini et Jo Renucci afin de mettre sur pied un important trafic d'héroïne. Jo a en effet une adresse à New York sous un nom d'emprunt, sans doute pour s'occuper de la bonne marche des opérations. Il est aussi lié au chimiste présumé de l'organisation, Gaston Roussel. Divers services de police français, et parfois américains, s'accordent à dire que Renucci est l'un des plus gros trafiquants de drogue et de cigarettes américaines des années 50.
Pendant cette période, Jo Renucci est au sommet de sa gloire. Il s'affiche en homme d'affaire, fréquente les politiques, tient plusieurs établissements : un bar dans le VIIIe arrondissement à Paris, un autre à Marseille, copropriété de Robert Blémant, un salon de thé et une maison de disque qui diffuse entre autres Fernandel. Survivant de deux vendettas, il se montre très vigilant, craignant des vengeances. Installé à Casablanca depuis 1952, il est entouré de gardes du corps lourdement armés. Malgré une saisie de cinq tonnes de cigarettes de contrebande, en juin 1950, issues d'un trafic attribué à Renucci, ce dernier déclarera : "je ne suis pas un trafiquant. Je suis un commerçant qui paie des impôts et qui est soumis aux lois. Je vends des cigarettes? D'accord. Mais je vends aussi des filets de pêche. À Tanger, tout est en vente libre. Quand je vends un chargement de blondes, est-ce que j'ai à savoir où elles vont être expédiées? Je suis payé cash. Cela me suffit". Officieusement proclamé "roi du non-lieu", le trafic de cigarettes et de drogue lui permettront de prospérer jusqu'à la fin de sa vie.
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